Lecture : Tu verras de Nicolas Fargues

Publié le 8 Février 2011

En l’achetant, je savais que le dernier Nicolas Fargues m’arracherait quelques larmes, accélèrerait mon rythme cardiaque, me nouerait la gorge… Et pas seulement, parce que ces derniers temps, même Charles Bronson ou Colin Farrell seraient capables de me faire chialer. C’est dire que la consistance de mon cœur tend plus vers la mousse que vers la pierre.

Il est vrai que tout ce qui touche de près ou de loin à la parentalité, aux enfants, à ce lien si fort qui nous unit, aux doutes qu’ils soulèvent, aux petits moments de bonheurs qu’ils engendrent... occupe une grande partie de mon activité cérébrale.

 

Tu verras est l’une de ces phrases que presque tous les parents du monde lanceront un jour ou l’autre à leur môme… leur ado plus précisément.

Clément est l’un de ces ados, 12 ans, le début de l’âge suprêmement chiant. A côté de ça, les colères du petit d’homme paraîtront bien douces, j’imagine. A 12 ans, Clément écoute une musique sirupeuse aux antipodes des goûts rock de son père (Colin) qui en a la garde exclusive ; les écouteurs de son IPod sont comme greffés à ses oreilles, ses fut’ lui tombent en bas des genoux, il fait la gueule en permanence, s’enferme dans sa piaule, tchatte, envoie des sms à l’orthographe pourrie… Un ado, quoi ! Enfin ce que je m’en figure.

Et il y a ce jour, le dernier que Colin passera avec son fils, mais à cet instant, il ignore encore que Clément va passer sous les roues du métro. Accident ? Suicide ? La question est à peine soulevée. Parce qu’il faut d’abord faire face à l’insoutenable deuil. Comment se lever le matin, se rendre au burlingue, voir les amis, les voisins, les gamins au bout de la rue ? Comment concevoir qu’il va falloir continuer à vivre ?

 

Alors, c’est vrai que le premier quart du bouquin te saisit aux tripes. Tu renifles, tu suffoques, tu blêmis (ah non, là, je m’égare) en tournant les pages. Tu te transposes forcément : le verbe de Nicolas Fargues n’est pas très exigeant. Il est facile d’atteindre le lecteur avec un sujet aussi douloureux que la perte de son enfant. Or, d’un point de vue strictement littéraire, d’autres l’ont fait, et de manière autrement plus bouleversante et subtile (je pense ici à L’enfant éternel de Philippe Forest par exemple).

 

Finalement, Tu verras est un moins un livre sur le deuil que sur la relation parent(s)/enfants ; sur les comportements qu’on s’était juré de ne pas reproduire et qu’on se surprend à avoir ; sur la dureté, la méchanceté, le cynisme dont on peut faire preuve à l’encontre de ceux qu’on aime pourtant viscéralement ; sur la vision du monde qu’on voudrait leur laisser entrevoir, sur les valeurs qu’on souhaiterait si ardemment leur transmettre ; sur notre capacité ou non à capter le bonheur quand il frappe à notre porte.

 

Il y a du très bon parfois chez Nicolas Fargues, et puis… Et puis, ça part franchement en vrille. Un virage à 180 degrés dans la vie de Colin, à la limite du crédible ; une fin bâclée ; des stéréotypes parisiens et/ou bourgeois peu plausibles.

Dommage, je termine ce bouquin qui n’a pas su tenir ses promesses avec un goût d’inachevé et néanmoins quelques nouvelles pistes pour animer mon électro-encéphalogramme maternel.

Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Lecture

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