La peur

Publié le 21 Juin 2011

En les regardant alors qu’ils étaient paisiblement endormis, j’ai brutalement pris conscience. Conscience de l’amour infini et inconditionnel que je leur porte ; conscience de tout ce qu’ils représentent pour moi ; conscience de la fragilité de notre équilibre. Et pour la première fois depuis qu’ils sont venus au monde, j’ai eu peur. Pas la trouille ou la légère appréhension ; non la peur, l’angoisse irrationnelle qui te saisit, te tord les entrailles, te fait vomir jusqu’au sang, te tire toutes les larmes de votre corps, te terrasse, te cloue sur place, te paralyse.

 

J’ai mesuré le chemin parcouru depuis septembre ; regardé dans le rétroviseur des dix derniers mois. Je me suis souvenue de leurs questions, leurs larmes du soir, leurs éclats de rire, leurs colères, leurs fabuleux progrès, leur complicité, leurs siestes, leurs fièvres, leurs blagues, leurs bêtises, leurs câlins… J’ai repassé le film de mes doutes, mes larmes, mes fiertés, ma fatigue, mes bonheurs, mes responsabilités, ma culpabilité. J’ai revu nos trajets quotidiens, nos histoires du soir, nos conversations, nos jeux dans le salon, nos danses frénétiques, nos petits déjeuners au lit, nos visionnages de dessins animés, nos séances photos, nos moments de tendresse, nos échanges… Et j’ai eu le vertige. Parce qu’ils donnent du sens.

 

Je ne peux pas écrire ici ce qui me terrifie à ce point mais cette panique est douloureuse à en crever. Je sais qu’elle va, non pas s’en aller, mais retourner dans sa tanière et reprendre sa lancinante hibernation, prête à ressurgir à la prochaine crise de confiance, au futur moment de faiblesse, lorsque tu baisses la garde et que tu laisses ton cerveau cheminer et échafauder les pires scenarii… au point que ça te rend dingue. Et là pas vraiment le choix : ou tu t’effondres ou tu combats. Je n’ai pas le droit de m’effondrer.

Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Blues

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