Lâcher prise

Publié le 11 Mai 2013

Il y a eu ce matin où la colère s’était comme évaporée ; cet autre où le manque avait été apprivoisé. Que je me sentais légère alors, encline à aborder la vie plus sereinement. Ces deux moments n’étaient que les brouillons de ce à quoi je fais face aujourd’hui : lâcher prise, abandonner… Certains – qui me connaissent – ricaneront face à l’ampleur de la tâche. Moi, si prompte à vouloir tout gérer, tout maîtriser, je serais bien incapable d’une chose pareille. Pensez donc : 20 ans de mécanismes à défaire ! Sauf que lorsque ces mécanismes, dont vous avez cru qu’ils vous protégeaient et à défaut de vous rendre heureuse, vous évitaient d’être malheureuse, vous encombrent ; alors il faut sans hésitation les laisser au bord du chemin.

 

Il aura fallu un choc pour en prendre conscience et céder. Par épuisement en partie c’est vrai.

Je m’étonne encore de la première chose dont je me suis dépouillée : le comportement du père des enfants. Je ne m’étendrai pas ici sur le dit-comportement. Je ne le cautionne pas, ne le comprends pas. Il m’a contrariée pendant presque trois ans, a fait couler des larmes de rage, de tristesse (c’est ma grande spécialité, il est vrai !). Et puis il y quelques semaines, j’en avais fini avec ça. Aucune auto-persuasion dans cette histoire : la réalité m’est apparue dans son plus grand dépouillement : je pouvais continuer à jouer les Don Quichotte pendant encore des années, affronter des moulins à vent mais sans jamais n’obtenir de résultats.

Je ne serai que la mère des deux mouflets, je ne pallierai plus les absences, les mensonges et les légèretés et ferai mon possible pour recoller les morceaux. L’absence de réponse aux messages concernant les enfants, les retards, la non information… Je ne peux rien y faire alors je fais avec. Ecrit ainsi, ça paraît simple et pourtant, presque trois ans auront été nécessaires.

 

>Dans la foulée, j’ai fait sauter des boulons avec les enfants justement. Je ne suis pas la seule responsable de leur bonheur ; leur bien-être et leur équilibre ne dépend pas uniquement de moi. C’est même prétentieux de s’arroger un tel privilège. Même s’ils restent une préoccupation essentielle pour moi, les questions à tout va ont cessé. Inutile de leur demander à tout bout de champs s’ils sont heureux, s’ils ont passé une bonne journée, si tout va bien. Pour en faire des êtres qui intellectualiseront tout comme leur mère ? Non, merci ! Ce n’est pas leur rendre service.

On pique-nique plus souvent sur la table basse, on se fout du bordel, on se mate des DVD pendant 3 heures si on veut, on reste en pyjama toute la journée. Bref, on vit et on s’en bat les couettes. Et tout le monde ne s’en porte pas plus mal.

 

C’étaient là deux gros points à dénouer et le travail accompli peut vous sembler ridicule mais les effets sont énormes.

 

Mais il y en a d’autres. Le prochain : accepter que la vie ne soit pas un conte de fées et que l’amour ne dure pas toujours. Et même si on n’y comprend rien, et même si les sentiments ne disparaissent pas d’un simple claquement de doigt et que se sentir rejetée est profondément douloureux, il faut savoir s’avouer vaincue. Ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est une nécessité. Par pudeur et parce que c’est un sujet que je n’aborde pas vraiment ici car ma sincérité sur ce blog a cette limite, je n’explorerai pas le sujet davantage. Et puis, surtout, cette bataille-là n’est pas encore gagnée. Elle est si exigeante. Il est des barrières qui sont plus ardues à faire tomber.

 

Et au bout du chemin, il y a la capacité à vivre tout simplement. Ne plus penser les événements au moment où on le vit, mais les embrasser pleinement. Non pas avec imprudence et sans se soucier des conséquences. Simplement les vivre, c’est parfois le plus grand risque mais c’est à la clé que se trouve la plus belle des récompenses : le bonheur.

Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Réflexion

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