Bosser au mois d'août

Publié le 9 Août 2011

Oh le bel oxymore que voilà ! Une impossibilité pour certains parce que leur boîte ferme ; parce que la nounou est en vacances et que les grands-parents ont autre chose à foutre que de garder les mômes ; parce que l’aîné passe le rattrapage du bac ; parce que les grandes vacances, c’est en août et pis c’est tout !

Et il y a les autres. Ceux qui, la fleur au fusil, ont fait le choix (parce que oui, ça peut être un choix ou une alternative, je confonds les deux concepts) de bosser au mois d’août.

Au préalable, ne sombrons pas dans l’hypocrisie : le travail au mois d’août (s’entend le travail dans un burlingue) n’a rien à voir avec le reste de l’année. L’entreprise tourne au ralenti et là, le trimeur aoûtien va devoir faire preuve d’une adaptabilité à toute épreuve

 

Typologie de ces travailleurs courageux.

 

Le consciencieux

Toute l’année, il travaille sans relâche. Pas comme un dingue, attention ! Non, il œuvre, il est à la besogne quand on l’attend. Pas de mauvaise surprise avec le consciencieux : il est au rendez-vous pendant onze mois, pas de raison que le mois d’août fasse exception à la règle. Si pour son plus grand malheur, son chef n’est pas là et ne lui confie pas de mission précise, pas de panique, il va savoir s’occuper.

Première étape : il va ranger son bureau. Une activité qui ne lui prendra pas beaucoup de temps car on imagine mal le consciencieux laisser le bordel s’accumuler à droite à gauche, les factures s’entasser. Néanmoins, il va cleaner parce que tout est toujours perfectible.

Et puis, il clame à tous ses compagnons d’arme qu’il va enfin pouvoir en profiter pour faire ce qu’il n’a pas le temps de faire habituellement, rapport à son énorme charge de travail : écrire des procédures, trier sa boîte mails, consolider des informations, mettre à jour des fichiers ou que sais-je.

 

Le déprimé

Lui, il n’a pas réfléchi à sa stratégie en janvier lorsque toute l’équipe commençait à planifier ses congés estivaux. Les longues journées lui paraissaient tellement loin qu’il s’est précipité pour poser ses trois (ou quatre soyons fous !) semaines de CA dès juillet. Il a jubilé au moment de partir en fanfaronnant son "bonnes vacances" à tue-tête dans les couloirs. Mauvais va ! Le problème de celui qui part en premier, c’est qu’il est celui qui revient en premier (ouais je sais, je suis d’une logique inouïe) et de facto, celui qui voit partir tous les autres. Et putain qu’il a les boules ! Il en veut à la planète entière. Il a 31 jours pour se morfondre, regretter son choix hâtif, pester contre lui-même. Promis, l’année prochaine on ne la lui refera pas.

 

Le glandeur

Celui-là, il n’arrive pas à s’y mettre. C’est juste physiologiquement impossible. Pourtant il a de quoi faire ! Pas une montagne de boulot, non. Mais il pourrait tranquillement occuper ses journées. Mais voilà, il y a pas moyen. La faute au manque de stimulation, d’émulation. Il n’entend plus les téléphones sonner, les mains tapoter sur les claviers, les voix dans le couloir. Sa boîte mail ne reçoit rien (il a même appelé son service informatique histoire de s’assurer qu’il n’y avait pas un problème de réseaux). Lui qui toute l’année peste contre cette frénésie ambiante et les dérangements permanents qui l’empêchent de se concentrer, ce désert le déstabilise. Il erre comme une âme en peine dans les couloirs, ombre de lui-même à la recherche d’un compagnon d’infortune. Il tâte le terrain auprès de ceux qui sont là. Il surfe sur le web ; lit Libé, Le Monde, Le Figaro en ligne en version intégrale ; checke trois fois par jour la météo ; décroche compulsivement son téléphone afin de vérifier qu’il a toujours la tonalité ; rédige une bricole ou deux avant de sombrer dans une léthargie inquiétante ; fait du shopping en ligne ; découvre de nouveaux blogs. On le plaindrait presque celui-là. Parce que, tout le reste de l’année, c’est un travailleur zélé et là, catastrophe il glande parce qu’il s’ennuie. Et parfois, il a un sursaut d’énergie : il mesure sa chance et décide de profiter de ses longues plages d’introspection qui s’offrent à lui. Il prend des pauses déj’ qu’il ne se permettrait pas dans l’année, il tape la causette avec des collègues d’habitude non fréquentés. Il profite et il est un heureux (non)bosseur d’août.

 

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Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Réflexion

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