Boussole

Publié le 24 Août 2015

Serais-tu capable d’identifier à quel moment tu as perdu le sens ? Peux-tu le matérialiser sur une frise chronologique ? Etait-ce il y a 10 ans lorsque tu as dû affronter la perte intolérable et pourtant si prévisible ? As-tu sombré dans une noirceur que rien ne saurait éclairer ce 10 janvier 2005 ? En répandant ses cendres au gré du vent, ta boussole se serait-elle déréglée ? Pourtant, le processus avait été amorcé quelques années auparavant. A 20 ans déjà, tu avais débuté une indolente déconstruction. Méthodiquement, tu avais entrepris de démolir tout ce qui te constituait : ton enfance dorée, ta scolarité brillante, ta filiation sacrée…

Consciencieusement, tu t’es évertuée à édifier autour de toi une normalité conforme à l’éducation que tu avais reçue. A quels prix, physique et financier, as-tu bâti la famille dont tu rêvais ? L’intrusion de la médecine dans cette étape créatrice n’aurait-elle pas contribué à inverser les pôles de la vie que tu voulais mener ?

Avec ton esprit de contradiction, souvent critiquée, tu as pris le contre-pied de ce à quoi tu aspirais. Habilement, tu t’es persuadée que ces deux présents, tes moufs, ne pouvaient être ce qui donnait du sens à ta modeste existence. Tu t’es alors jetée dans ce qui te semblait le plus noble, le plus valable : l’amour. Telle une alcoolique, tu t’es accrochée à ce bouleversant sentiment. Il t’en fallait ta dose, lui et ses preuves. Tu affirmais que c’était la seule sensation qui comptait ; que lorsque viendrait le moment de rendre des comptes, peu importeraient les réussites professionnelles, les créations artistiques, les amis qui nous entoureraient, seul importerait la belle histoire que tu aurais vécue. Alors, tu t’y jetais à corps perdu. Avec abnégation, empathie, passion… Peu importait que tu te perdes en chemin, que tu te manques de respect, que tu dilues dans la relation, dans l’autre. Au-delà de l’amour que tu recevais spasmodiquement, l’intensité de celui que tu offrais valait toutes ces perditions. Et tant pis pour les déceptions, les outrages, les négligences, en aimant, tu te sentais vivante. Tu avais cru trouver un sens et il quoi qu’il en coûte à ton âme, il te fallait œuvrer pour qu’il s’incarne.

Les peines, mais aussi les jolis moments de bonheur t’ont forcée à modifier ta trajectoire. Imperceptiblement, peut-être aussi parce que tu n’en pouvais plus, tu as commencé à rectifier le tir, à poser des limites. Tu commençais à circonscrire l’incendie qui aurait pu te ravager. Ton erreur a été de croire que tu ne serais pas seule pour affronter l’épreuve du feu, parce que tu avais cru envisager une nouvelle orientation, comme une évidence.

Il faut croire que tu t’étais trompée. Encore…

Rédigé par Jenn Jenn

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