Nouveau départ

Publié le 23 Juin 2013

J’en suis à mon deuxième… en moins de trois ans. Pour certains, c’est peu ; pour moi qui aime la stabilité, c’est énorme.

J’aimerais être des éternelles optimistes qui voient le verre à moitié plein, mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Encore que, le verre à moitié plein, j’ai tendance à le remplir pour le boire. Mais pas pour m’y noyer je précise.

 

Bref. Juin 2013, je recommence. Je change, mais un changement qui me ressemble : dans la continuité d’une certaine manière. Changement d’appart’ surtout. Même immeuble, 25 m2 en plus et surtout une chambre pour moi. On ne mesure la chance d’avoir son propre lit que le jour où l’on en est privé.

Tout pour me réjouir, je sais bien. Je suis une grande privilégiée, je le mesure. Mais il faut du temps pour sortir la tête de l’eau. On a beau jouer les warriors, n’est pas Xéna qui veut !

 

Jeudi dernier, veille du déménagement, je fonds en larme. Normal, je suis une chialeuse. Mais lorsque je pensais "cartons" il y quatre mois, ce n’est pas ce que j’avais en tête. Je me voyais alors traverser Paris avec un camion Avis et non pas prendre un simple ascenseur pour quatre étages. Je me voyais avec une mini tribu et non pas maman célib’ avec les deux mouflets. Je me voyais me bagarrer pour la couette et non pas m’allonger en diagonale dans mon (tout nouveau) lit. Comme dit le grand Charles : « Je me voyais déjà » quoi !

Vous l’aurez compris en filigrane, virage à 180 degrés. A moi d’en tirer le meilleur !

 

Il y a quelques semaines, la phrase, si éculée, « le temps fera son œuvre » m’exaspérait. Il ne passait pas, ce temps qui devait m’aider. J’en étais toujours au même point. Démolie, profondément malheureuse, déboussolée et triste, si triste.

Ce n’est pas tant que le temps fait son œuvre, mais que la vie reprend ses droits. Et puis certains événements remettent les choses en perspective.

Je ne suis pas celle dont le compagnon (jeune, si jeune putain) est en train de mourir. Je ne suis pas celle qui ne peut pas partir en vacances avec sa marmaille cet été. Je ne suis pas celle dont le compagnon la bat et qui reste… malgré tout. Je ne suis pas celle, dont le mari traverse la maladie.

Je suis simplement celle qui a vécu un chagrin d’amour, qui n’a rien compris. Une parmi d’autres.

 

Et c’est vrai. Malgré cet hiver qui n’en finit pas. Malgré l’obscurité dans ces jours les plus longs, le soleil revient.

 

Le déménagement y est pour beaucoup. On laisse en bas les souvenirs, surtout les mauvais d’ailleurs. Car je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Mais il me faut tourner la page du 2 pièces. Et ici, je revis. Je suis tranquille : nous avons tant d’espace. Nous ne sommes plus les uns sur les autres ; il nous faut nous déplacer pour nous parler.

Cet appartement me ressemble. Mes invités sont accueillis par 2,40 mètres de bibliothèques et voient le salon… et les toilettes aussi (mais là, il n’y pas de symbolisme).

 

Les môme s’extasient, se perdraient presque. Je mentirais en prétendant que je ne nous ai pas imaginés à cinq ici. Je mentirais en affirmant que le manque a disparu, que je n’ai pas de regrets, d’amertume presque. Mais je vis désormais avec. Je me construis sur cette cicatrice.

 

Et ils avaient raison mes potes, mes amis ! Tout doucement, on va mieux. Parce qu’on n’a pas le choix. Parce que les mômes, la famille, le boulot, les potes impulsent la cadence. Ils ne comblent pas le vide, mais ils l’obstruent… provisoirement. Bientôt peut-être je refermerais le trou, quand… si je suis prête.

 

Et pour avancer, je fais ma liste à la Prévert des aspects positifs de ce nouveau départ :

  • Les amis peuvent venir,
  • Les enfants peuvent venir,
  • Les amis avec enfants peuvent venir,
  • Je peux bouquiner au lit,
  • Je cuisine à nouveau,
  • Le silence a de la place pour s’épanouir,
  • Je n’ai plus de lit à déplier,
  • Nous pouvons tous être dans une pièce différente,
  • Je peux racheter des livres, il y a de la place pour une nouvelle bibliothèque,
  • Les enfants ne m’entendent plus pleurer sur le balcon…

 

Et dans quelques temps, j’aurai apprivoisé ma solitude.

Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Réflexion

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R
Ça me parle tellement. Moi je suis encore dans l'appart où je déplie mon lit. Pour tout dire, je viens de m'y installer...
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