Lecture : Seul le silence de R.J. Ellory

Publié le 1 Février 2010

Seul-le-silence_Ellory.jpgIl y a bien longtemps qu’un bouquin ne m’avait pas tant captivée, littéralement extirpée de mon quotidien, de mes enfants, de mes soucis… Il m’a fallu environ 8 heures pour dévorer "Seul le silence" de R.J. Ellory (le titre original est beaucoup plus poétique : "A quiet belief in angels"). Son premier roman publié chez Sonatine, une maison d’édition à suivre de près puisqu’elle a également découvert deux polars dont je vous ai parlé : "L’âme du mal" (ici) et "Les visages" ().

 

L’histoire commence et finit dans le New-York électrique de l’année 1967. Le narrateur, Joseph Vaughan, contemple l’homme qu’il vient de tuer d’une balle dans la poitrine avec ce sentiment de plénitude que justice a enfin été rendue.

Trente ans et 600 pages seront nécessaires pour en arriver à ce point final libérateur. Retour en arrière : été 1939, le jeune Joseph, 12 ans, grandit paisiblement à Augusta Falls, un petit patelin paumé de Géorgie. La guerre gronde obscurément de l’autre côté de l’Atlantique, loin, très loin. Mais le chaos va frapper toute la communauté : une petite fille est découverte assassinée. Elle ne sera que la première d’une longue série non élucidée. Si chaque habitant tente d’oublier et de continuer bon gré, mal gré une vie insipide, Joseph, gamin sensible et empathique, est bouleversé au-delà du rationnel. Les fantômes de toutes ces fillettes n’auront de cesse de le hanter et de le ronger de l’intérieur. C’est sans doute ce chagrin indicible, cette culpabilité écrasante qui feront de lui l’écrivain atypique et secret qu’il est devenu.

 

Si "Seul le silence" penche évidemment du côté du thriller, il n’est pas envisageable une seule seconde de le réduire à cette catégorie : ce n’est pas qu’un polar (même si j’accorde toute sa noblesse à ce genre littéraire). Ce livre est simplement un très grand roman, juste sublime, sur l’innocence volée de l’enfance, sur la puissance salvatrice de l’écriture, sur la culpabilité oppressante.

Avec ce récit au cœur de la barbarie humaine, d’un noir tellement profond qu’il vous étreint jusqu’à l’asphyxie, Ellory fait une entrée fracassante dans le petit monde de la littérature absolue.


R.J. Ellory, Seul le silence, LGF, 2009, 601 p. 

Rédigé par Jenny Grumpy

Publié dans #Lecture

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